Léa, volontaire en contrat de service civique, revient tout juste de 9 mois en Tanzanie avec notre partenaire local, Jabungu Foundation. En qualité de chargée de communication, elle nous livre son témoignage sur sa mission de communication en Tanzanie et sur son expérience globale.
Pourquoi t’es-tu engagée dans cette mission de communication en Tanzanie ?
Avant de m’engager en service civique, j’étais en Master 2 en alternance dans le domaine de la communication et mon patron devait m’embaucher. Durant cette période, j’étais en télétravail et j’avais pour projet de travailler à distance, tout en partant en Afrique du Sud pour plusieurs mois dans l’objectif d’améliorer mon anglais (car j’avais de grosses lacunes), découvrir une nouvelle culture et un pays et vivre l’expérience de “digital nomad”. Néanmoins, cela n’a pas pu se réaliser car l’entreprise n’était pas rentable.
J’ai donc cherché une autre opportunité qui me permettait de répondre à tous mes critères, tout en gagnant en expérience dans la communication et le marketing. J’ai donc commencé à regarder les missions sur le site du service civique et j’ai trouvé l’offre de chargé(e) de communication en Tanzanie avec LifeTime Projects. Étant déjà partie en ERASMUS en Espagne, je cherchais absolument un pays où le français et l’espagnol n’étaient pas parlées pour véritablement progresser en anglais. Par ailleurs, je n’étais jamais sortie d’Europe mais j’aspirais à voyager. J’ai donc saisi ma chance !
Parle-nous de tes missions en Tanzanie
En arrivant en Tanzanie, tout était à faire en communication. Le compte Instagram de Jabungu_foundation avait par exemple une centaine d’abonnés, les posts ne généraient que peu de trafic.
J’ai travaillé pendant deux mois en collaboration avec un tanzanien dans le pôle communication, j’ai donc directement été confrontée à la différence culturelle dans le travail et j’ai dû m’adapter. Notre vision de la communication au sein de l’association divergeait totalement, car nos codes culturels ne sont pas les mêmes. Par la suite, mon collègue tanzanien est parti et j’ai avancé sur les projets en autonomie, mais avec un suivi apporté par le reste de l’équipe locale et LifeTime Projects.
En termes de missions, j’ai été amenée à créer une stratégie de communication pour répondre à des objectifs précis, par exemple de ramener des volontaires sur nos réseaux sociaux pour qu’ils nous contactent par la suite, mais aussi de trouver un moyen de créer du lien entre les anciens volontaires de Jabungu Foundation tout en permettant d’apporter un suivi aux projets réalisés précédemment. J’ai aussi été amenée à gérer les différents médias sociaux et à créer une charte graphique afin d’avoir une cohérence visuelle.
J’ai également mis en place une charte éditoriale, créé du contenu de façon régulière, amélioré le référencement naturel du site web (SEO), réalisé des supports de communication (powerpoints, affiches, base de données) pour faciliter l’organisation interne et/ou gagner en visibilité. J’ai aussi été amenée à faire du marketing à travers la création de documents analytiques, j’ai revu le guide sur la Tanzanie avec mon expérience de terrain. Enfin, j’ai pu accomplir des missions tierces en accueillant notamment les volontaires sur place et en les guidant tout au long de leur mission.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué en Tanzanie ?
Il y en a eu tellement ! J’ai été marquée par la pauvreté de certaines personnes du village. Certains voisins n’avaient pas les moyens d’investir dans des latrines ni dans des fenêtres et se protégeaient de la pluie grâce à des rideaux. J’ai aussi été frappée par les vêtements de certains enfants troués et déchirés, par la maltraitance des animaux, par la force de travail des tanzaniens et leur capacité à ne jamais se plaindre, par leur loyauté s’ils voyaient quelque chose de mal se passer en pleine rue…
J’ai aussi été très touchée par l’accueil chaleureux des locaux et de leur intérêt pour les blancs. A mon arrivée, j’ai aussi été très étonnée par les transports en commun, les bus locaux appelés les “dala dala”, dans lesquels nous étions entassés. Le fait de réaliser une mission de communication m’a permis d’être présente à de nombreux endroits et événements, comme lorsque j’ai été à Magugu avec l’équipe de Jabungu Foundation, ma coordinatrice, Camille, de chez LifeTime Projects et les bailleurs de fonds de la Fondation EDF, Robert et Antonietta. La visite à l’école de Sarame m’a beaucoup touché, j’ai été confrontée à une grosse pauvreté, plus que ce que je n’en avais jamais vu. J’ai notamment appris que 460 enfants faisaient partie de cette école alors qu’il n’y a que 6 classes. Il y avait donc un roulement des niveaux entre les matins et après-midi pour que tous puissent étudier, et 2 niveaux avaient même cours en extérieur par manque de place.
Enfin, pour une note très positive, je retiendrais aussi l’anniversaire surprise d’Agustino (le directeur de Jabungu Foundation), le lendemain de mon arrivée en Tanzanie. Comme il s’agissait du tout début de ma mission, je découvrais mon environnement et la vie locale. J’ai passé un super moment à son anniversaire. J’ai découvert les traditions, j’ai rencontré sa famille, etc. Un moment inoubliable.
Est-ce que ce service civique a changé ta façon de voir les choses ?
Bien sûr, la vie locale a changé ma vision de voir les choses et j’ai appris à comprendre la culture et je m’en suis pleinement imprégnée pour m’adapter. Aujourd’hui, je pourrais dire qu’il y a eu un avant et un après la Tanzanie. Je relativise beaucoup, je suis encore plus sociable qu’avant, encore plus tournée vers l’international.
Cette expérience a réellement donné un sens à ma vie, et je pèse mes mots. Ayant été au Kenya et à Zanzibar seule, je ressens encore plus l’envie et le besoin de voyager qu’avant. Je me sens aussi beaucoup plus à l’aise à parler dans des langues étrangères, ayant maintenant de bonnes bases en swahili et un meilleur niveau d’anglais.
J’ai aussi beaucoup changé personnellement en quelques mois grâce à cette aventure. Je suis sortie de ma zone de confort du début à la fin, j’ai pris plus confiance en moi, j’ai commencé à faire des choses seule et j’y ai pris goût. J’ai appris à apprécier la solitude, alors que cela pouvait me déranger avant.
J’ai appris à relativiser par rapport à tout ce qu’il m’est arrivé (vol de mon téléphone, de mes CB, problèmes de parasites ou encore de VISA…) et j’en ressors encore plus forte. J’ai également réussi à ne plus être angoissée pour tout et je suis beaucoup plus flexible. Je remercie l’équipe locale, Agustino et Peter, pour leur compagnie pendant tous ces mois. Je remercie aussi Camille, ma coordinatrice française, qui m’a accompagné tout du long et l’équipe de LifeTime Projects lorsque j’ai eu des soucis.
Je prends aussi beaucoup plus le temps d’apprécier les moments de la vie et j’ai pris pleinement conscience de la chance que j’ai d’être née en France. Je me suis pleinement investie dans ma mission en Tanzanie et j’ai profité de chaque instant là-bas en me dépassant. J’ai même grimpé le Kilimandjaro !
Pour qui recommandes-tu une mission de service civique ?
Je pense qu’il n’y a pas de profil type. Je n’étais jamais sortie d’Europe avant la Tanzanie, je suis partie en laissant mon copain pendant 9 mois, je ne suis pas rentrée au milieu, et pourtant j’ai tenu jusqu’au bout ! Je pense qu’il faut simplement être assez autonome, curieux, ne pas avoir peur de se lancer dans l’inconnu et être suffisamment flexible pour s’adapter à la différence culturelle.
Si vous savez pourquoi vous partez et que vous avez la volonté, alors vous avez le profil pour partir. Renseignez-vous avant, conditionnez-vous et sautez dans votre avion : LifeTime Projects et Jabungu Foundation n’attendent que vous.
Alors, convaincu(e) ?